Lorsque nous perdons un être cher, nous continuons souvent à ressentir l’amour et le lien qui nous unissait au défunt. Nous chérissons chaque souvenir qui peut nourrir ce lien, sous quelque forme que ce soit, car il nous apporte du réconfort. Ann Costermans, notre conseillère en matière de deuil et de perte, nous fournit inspiration et conseils.
Marleen a perdu deux de ses cinq enfants : Gommaar et Elise. Des décennies après ce drame, elle ressent aujourd’hui encore le besoin de « perpétuer la vie de ses deux enfants » par le biais de rituels et de souvenirs. Ainsi, toute la famille mange des crêpes le jour de l’anniversaire des enfants décédés. Jozefien, la fille de Marleen, voit dans chaque coucher de soleil le souvenir de son frère et de sa sœur disparus. Il y a aussi l’arbre planté à la mémoire de Gommaar et la chaise sur laquelle Marleen s’asseyait quand elle était enceinte d’Elise. Ce sont là quelques exemples de souvenirs tangibles.
Ann Costermans, conseillère en matière de deuil et de perte chez DELA, voit des personnes en deuil se raccrocher à des souvenirs tangibles et à des objets de consolation (un bijou, un vêtement, etc.) qui appartenait au défunt. « Les personnes endeuillées chérissent ces objets », explique Ann, qui estime cependant que ce n’est pas sans risque : « Les objets peuvent s’user ou, pire encore, se perdre. Si cela arrive à cette peluche si spéciale et si précieuse qui appartenait à votre enfant décédé, votre monde peut à nouveau s’écrouler. C’est pourquoi il est si important, après un décès, de pouvoir transposer la présence “physique” du défunt en une présence “symbolique”, qui consiste à porter l’être cher dans notre cœur ou dans nos pensées. Ces souvenirs seront là pour toujours et vous les aurez toujours à portée de main. » Ou, comme le dit si bien Manu Keirse : « Pour moi, mourir c’est quitter le monde extérieur pour entrer dans le cœur des gens que l’on aime. »
Pour Marleen, c’est précisément le caractère évolutif de ses objets de souvenir qui les rend si puissants. L’arbre qui pousse et qui fleurit dans le jardin, la chaise qui s’use au fil des saisons… « Le souvenir est quelque chose de puissant quand il peut évoluer au fil du temps », confie-t-elle.
Outre les objets de consolation, nous pouvons utiliser de nombreux autres souvenirs intangibles pour perpétuer la mémoire de l’être cher disparu :