Chanter ensemble, se remémorer des souvenirs et nouer des liens

Les souvenirs et le lien sont étroitement liés. C’est en créant et en chérissant des souvenirs qu’on crée un lien entre les générations. DELA entend y contribuer. À cet égard, l’initiative des chorales de contact (contactkoren en Flandre) a retenu notre attention. La musique active les souvenirs et chanter ensemble crée des liens. Les chorales sont, par ailleurs, des lieux uniques pour les personnes atteintes de démence et leurs proches. Le fondateur des premières chorales de contact en Flandre est, en outre, souvent l’officiant des services funéraires dans plusieurs centres funéraires DELA.

Certaines chansons nous évoquent des souvenirs (tristes ou joyeux) et des moments clés de notre vie. La musique active en effet la partie de notre cerveau où sont stockés nos souvenirs et nos ressentis. Et c’est aussi le cas pour les (jeunes) personnes atteintes de démence. Une chorale de contact, qui leur permet de chanter des « chansons d’autrefois » avec leur partenaire ou leurs enfants, est un excellent moyen d’accéder à nouveau à ces souvenirs. Et, tout aussi important, de renouer avec leurs proches.

Des yeux qui brillent

Filip Zutterman, coordinateur Logement dans la maison de repos et de soins Den Olm à Bonheiden et officiant des services funéraires dans plusieurs centres funéraires DELA, est le chef d’orchestre et l’inspirateur des premières chorales commémoratives en Flandre. Filip a vécu sa première expérience en 2010, à l’occasion d’une fête de Noël dans la maison de repos et de soins où il officiait alors en tant que prêtre. « Mais la cérémonie de Noël n’a pas touché les personnes âgées », déclare Filip. « Elles semblaient distraites, éteintes. Jusqu’à ce que je commence à chanter. J’ai vu leurs yeux briller à nouveau. Elles ont chanté avec moi. Une fille m’a dit que sa mère avait chanté, alors qu’elle n’avait plus entendu sa voix depuis un an. C’était très émouvant. »

Filip dirige aujourd’hui trois chorales de contact : Het Regenboogkoor, De Paradijsvogels et De Vergeet-Mij-Nietjes. « Nous avons eu l’immense honneur, avec Het Regenboogkoor, de chanter devant le pape à Rome. Ce fut “l’une des plus belles prestations de tous les temps”, selon ses dires ». Les chorales se réunissent tous les mois et accueillent 20 à 60 personnes atteintes de démence ainsi que leur accompagnateur (un membre de la famille ou du personnel soignant). « De purperen heide » et « Daar bij die molen » ont remplacé les chants d’Église. Plus de 100 initiatives similaires ont été déployées dans toute la Flandre.

Compenser l’éloignement

Filip : « De nombreuses études ont été menées sur les bienfaits du chant pour les personnes atteintes de démence. Et on le voit très clairement : le chant les apaise. Elles parviennent à reconnaître leurs proches. Elles s’épanouissent et se sentent bien. Le moment de plaisir que vous leur offrez est extrêmement important. »

Mais chanter ensemble n’est pas seulement bénéfique pour les personnes atteintes de démence. C’est également bon pour leur partenaire et leurs enfants. « Les membres de la famille des personnes atteintes de démence ont beaucoup de peine à voir leur partenaire ou leurs parents oublier leur prénom, ne plus les reconnaître. Les souvenirs font persister le lien. S’ils disparaissent, le lien se rompt. Les proches se sentent alors souvent désarmés lors de leur visite. Les résidents ne répondent pas à leurs questions. Il n’y a aucune interaction. Ils s’interrogent sur l’intérêt de leur présence. »

Les chorales de contact permettent de compenser cet éloignement et de rétablir le lien. « Le lien perdu revient à travers le chant. Et comme il s’agit d’une activité commune, les proches se sentent plus utiles. »

Créer de nouveaux souvenirs

Les proches peuvent créer de nouveaux souvenirs alors que cela semblait presque impossible. C’est exceptionnel. Filip est récemment tombé gravement malade et travaille plus que jamais sur ce point. « La perte d’un proche n’engendre pas que de la tristesse. L’amour doit perdurer, grâce au pouvoir de la mémoire. Tant que nous continuons à chercher à nous lier les uns aux autres. »

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